Le père Gabriel jeune prêtre de 28 ans, reçoit une étrange demande de la part d'une femme inconnue : récupérer sous la robe de celle qu'on allait le prier de bénir suite à son décès, les cahiers écrits par une femme enfermée depuis des années dans cet asile. C'est ainsi qu'il découvrira le journal de Rose, jeune fille vendue à 14 ans par son père à un riche propriétaire d’une forge.
« Mon nom, c’est Rose. C’est comme ça que je m’appelle, Rose tout court, le reste a plus rien à voir avec ce que je suis devenue, et encore, ça fait du temps que quelqu’un m’a plus appelée Rose. »
En donnant le prénom de Rose à son personnage principal, Franck Bouysse s'empare du symbole de la féminité comme prétexte à parler de toutes les femmes. Il évoque ainsi beaucoup de thèmes liés à la condition féminine au regard d'une domination masculine implacable : Femme-sorcière, femme dépossédée de son corps, femme que l'on enferme. Les hommes sont souvent très bavards sur le sujet des femmes mais rares sont ceux qui réfléchissent aussi à la masculinité. Et Bouysse fait face à un aveu d'échec : la domination masculine s'appuie sur le silence des hommes.
Franck Bouysse donne la parole aux taiseux ou à ceux que l'on veut faire taire. Et quand ils prennent la parole, ce n’est pas pour rien dire. Chaque mot est pesé et prend une dimension quasi cathartique et philosophique.
« La seule chose qui me rattache à la vie, c’est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je ne crois pas que ce mot existe il me convient. »
Lire Franck Bouysse, c'est se confronter à l’âpreté des éléments et aux tourments de la condition humaine. C'est rugueux et délicat à la fois. Roman noir, roman social, roman d'atmosphère, roman sur la terre, il abolit les frontières des genres littéraires avec une écriture toujours très poétique. Avec Né d'aucune femme, il achève son cycle sur le mal décliné au rythme des quatre saisons, avec Grossir le ciel, Plateau et Glaise. E.B.
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