« On ne pouvait jamais vraiment connaître un autre être humain. En y repensant, peut-être même qu'on ne pouvait jamais vraiment se connaître soi-même". »
Suicide se déroule entre Hoboken et New York, en 2002, et met en scène un inspecteur de police, Brian Vincenti, en pleine crise existentielle.
Tiraillé entre son enquête sur la chute suspecte d’une jeune femme depuis l’un des immeubles d’un quartier gentrifié d’Hoboken et son impuissance à sauver son mariage, Vincenti navigue dans les rues d’Hoboken et de New York à la recherche, presque obsessionnelle, de réponses à ses questions dans un paysage urbain encore marqué par les récents attentats du 11 septembre 2001.
Dès les premières pages, SaFranko nous plonge dans un décor crépusculaire. C’est la fin de l’hiver, les arbres ont perdu toutes leurs feuilles, le vent est glacial, les rues sont sales, crasseuses, l’air de la ville a des relents d’égouts. Le personnage principal, l’inspecteur Brian Vincenti, est au bout du rouleau, tant dans sa vie privée que professionnelle.
« Aujourd’hui, être flic à Hoboken,
c’était comme nager à contre-courant dans les eaux hideuses de la vie moderne. »
On se retrouve complètement happé dans l’esprit torturé de Vincenti, dans les méandres de ses souvenirs. Il erre dans la ville comme il erre dans son enquête. N’espérez pas trouver une seule lueur d’espoir dans ce roman. Ici, vous vous coltinez la vraie vie : c’est dur, ça fait mal et pourtant, il faut bien continuer à avancer. Face à l’adversité, il faut être solidaire. Vincenti et les personnages de laissés-pour-compte rencontrés doivent vivre cette sale histoire que SaFranko a écrit pour eux et nous, lecteurs, nous continuerons notre lecture, bien décidés à les accompagner jusqu’au bout.
Autre intérêt du roman : il met en scène un des tout premiers policiers transgenres, Tom Flaherty/Ellen Smith, ancien collègue de Vincenti. L’auteur aborde des réflexions intéressantes sur l’identité sexuelle, les questions de genre, la transphobie. E.B.
Né en 1950 dans le New Jersey, où il vit toujours, Mark SaFranko est un auteur américain autodidacte souvent associé à l’underground new yorkais et au courant du dirty realism (réalisme sale), mouvement littéraire des années 70-80 qui dépeint avec beaucoup de détails, les plus sordides ou les plus quelconques aspects de la vie ordinaire en utilisant un langage simple et sans ornement.
NOTRE SÉLÉCTION
POUR EN SAVOIR PLUS
SaFranko a écrit un récit autobiographique en 4 volumes (Putain d’Olivia, Confessions d’un loser, Dieu bénisse l’Amérique et Travaux forcés) qui peuvent se lire de manière indépendante, sans nuire à la compréhension du lecteur.